Les 9es rencontres internationales de la photo se sont ouvertes samedi à Fès, avec l’objectif de jeter un regard sur les «Mutations, l’image et ses possibles».

Selon ses initiateurs, cette édition mettra l’accent sur la pratique photographique qui, depuis une dizaine d’années, est en pleine mutation à l’image du monde.

Un focus particulier sera fait aussi sur les récents changements intervenus en Afrique, où la jeune génération utilise les potentialités du support numérique pour faire évoluer les procédés de la chaîne photographique, de la réalisation à la diffusion, en permettant à l’image d’être de plus en plus fluide.

Cette manifestation internationale est l’occasion de rendre compte des différentes formes et propositions photographiques émanant de pays africains, ont-ils indiqué, précisant que tous les auteurs ont comme point commun de chercher à décloisonner l’image et de s’intéresser autant au processus de création qu’au résultat exposé.

Les rencontres invitent les spectateurs/acteurs à poser un regard nouveau sur l’image, à travers des sujets toujours réinventés de génération en génération notamment les portraits, archives et paysages.

A travers la démarche personnelle de chaque artiste, ces rencontres vont interroger «les enjeux et usages de la photographie contemporaine, la question de la représentation, le rapport à l’image devenue perméable à l’identité et à un monde en perpétuelle mutation».

Les photographes participant à ces rencontres font partie d’une culture mondiale qui questionne de nouvelles temporalités et réalités, en élargissant toujours plus la pratique des images à travers leurs œuvres.

Parmi les invités de ces rencontres figure la nominatrice du Prix Pictet, membre du Jury du Prix Popcap, en l’occurrence Jeanne Mercier. Critique d’art et curatrice indépendante basée entre l’Europe et l’Afrique, Jeanne Mercier est co-fondatrice et rédactrice en chef d’Afrique in visu, plateforme autour du métier de photographe en Afrique depuis 2006.

Différents thèmes sont évoqués par ces rencontres comme le portrait photographique, le corps en résistance, le réel et l’imaginaire, la mémoire, qui sont dévoilés avec une dimension aussi bien politique que sociale.

Ainsi, c’est avec des surimpressions que la Tunisienne Héla Ammar revisite en détournant et en s’appropriant les codes du portrait orientaliste. Par ses photographies, ses corps de femmes vêtues d’habits d’hommes, constituent autant de ripostes aux traditions parfois imposées en Tunisie.

En figeant en photographie et vidéo les corps d’«anciens prisonniers marocains», eux-mêmes figés pendant plusieurs années par leur emprisonnement, Wiame Haddad crée une nouvelle temporalité et interroge la mémoire collective du pays.

A travers ses mises en scène vidéo, la Marocaine Randa Maroufi reconstitue, pour sa part, de courtes fictions qui racontent, recomposent et transforment le réel.

Pour l’Espagnol Cristina de Middel avec sa série «This is What Hatred Did» (Voilà le résultat de la haine), elle évoque la réalité magique et absurde de la guerre en la retranscrivant poétiquement en photo et vidéo.

Un imaginaire fantastique illustré dans les fictions de l’Ivoirien Paul Sika qui propose une vision colorée du monde, en transformant la photographie en tableau grâce aux outils numériques.

Deux autres photographes, en résidence à Fès depuis le 1er novembre, ont réalisé des œuvres spécifiques pour ces rencontres. Il s’agit du Burkinabè Nestor Da qui puise ses inspirations dans la peinture expressionniste ou encore le graffiti et l’Egyptien Nabil Boutros.

Au menu figure aussi un rallye photo avec le public fassi, mené par Omar Chennafi dans les rues de la médina autour du quotidien.

Plusieurs lieux et espaces publics de Fès abriteront les activités prévues dans le cadre de ces Rencontres, comme la Galerie de l’Institut français de Fès, la Galerie de l’Association Fès-Saïs et le Complexe Culturel sidi Mohammed ben Youssef – Fès.

Initiée par l’Institut français de Fès dans le cadre de la Saison culturelle France-Maroc 2015, cette manifestation artistique, qui se poursuivra jusqu’au 28 novembre, est l’occasion pour inviter les spectateurs et acteurs à s’interroger sur les enjeux et usages de la photographie contemporaine, la question de la représentation et le rapport à l’image dans un monde où les images circulent en permanence.

– Source: http://lematin.ma/express/2015/fes-accueille-les-9es-rencontres-internationales/235527.html

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