l y a trois décennies, l’on ne pouvait évoquer la ville de Fès sans aborder son secteur touristique. Les fidèles et férus de la capitale spirituelle du Royaume ont même donné naissance à un vers poétique accrocheur : Voir Venise et mourir vs voir Fès et revenir !

Il faut dire, sincèrement, que les différents plans et programmes conçus pour la ville n’ont pas pu améliorer son offre touristique car la détérioration des principaux espaces publics et monuments ont affecté la réputation d’une ville qui manque sérieusement d’animation. A part les espaces clos, l’extérieur qui forçait l’admiration dans le passé n’a plus le même attrait. Tout comme la place Boujloud a perdu son aura et pourtant manque manifestement de génie créateur pour redorer son blason.

Nombre d’investisseurs ont plutôt préféré la banlieue, à la recherche d’une nouvelle offre, d’un nouveau concept et d’une nouvelle vision. Le tourisme rural, faut-il le rappeler, monte en croissance dans plusieurs pays similaires, d’autant plus qu’il offre ce dépaysement souhaité et recherché.

La transformation des espaces urbains à l’occidental sans cachet architectural authentique ni design traditionnel a fait que les touristes convoitent d’autres niches touristiques. Ils jettent leur dévolu sur les auberges, les maisons et fermes d’hôtes, là où le touriste éprouve quelque peu l’envie de tenter une action humanitaire dans un cadre naturel.

Outre l’avantage de respirer et manger bio, les touristes du monde rural se sentent responsables écologiquement (gaspillage d’eau par exemple), et parfois même socialement, sachant que leur séjour est aussi créateur de postes d’emploi locaux, et bien évidemment, opèrent par là même à la faveur d’un quotidien relaxant, loin du stress et des tensions des métropoles européennes. Cette culture populaire dans son sens anthropologique se présente ainsi dans son aspect le plus naturel.

Face à cet engouement croissant, les professionnels qui ont eu le courage d’investir dans de tels endroits, de par un sens d’aventure, souffrent pourtant le martyre pour mettre à niveau ce produit, nouveau par rapport aux collectivités locales et aux autorités d’une part, et par rapport aux populations locales avoisinantes de l’autre. Jawad Saidi est parmi les MRE marocains qui ont choisi de parier sur le secteur, en se basant sur le discours politique d’ouverture, de changement et de développement. Il estime, toutefois, que bien des choses restent à parfaire !
«Au niveau du discours, l’on est bien convaincu, mais une fois sur le terrain, l’on ressent une réticence et une tergiversation, parfois de manière systématique, comme si le changement n’avait pas encore fait son effet», plaide-t-il. Avec sa ferme d’hôtes située au niveau de la commune Sidi Khyar, il veut à la fois familiariser les populations avec le nouveau venu, mais aussi sensibiliser les autorités et les élus de l’importance d’un tel projet pilote. Ce qui est pour l’instant un vrai défi pour les professionnels œuvrant dans le milieu rural, c’est le non respect de la donne environnementale. Les investisseurs dans d’autres activités polluantes ne trouvent jamais de handicaps juridiques ni légaux à mettre en place leurs projets menaçant l’environnement. Tel est le cas à Sidi Khyar, où l’on s’apprête à exploiter une carrière tout près de la ferme d’hôtes, sans prendre en compte qu’il s’agit d’un projet de tourisme rural, et dont le principal atout est le calme et la sérénité.

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