A Fès, la production de déchets ne cesse d’augmenter en quantité et en diversité engendrant ainsi d’énormes risques sur la santé publique et l’environnement. On estime la production à près de 1.000 tonnes de déchets ménagers par jour (plus de 18.000 tonnes au niveau national). L’enfouissement de ces déchets dans la décharge publique a montré ses limites. D’où l’idée de construire un réel centre de traitement.

A ce titre, la Commune vient de dédier une enveloppe de près de 120 millions de DH pour la mise en place d’une unité de traitement de ce liquide. Ce qui permettrait de sauver la nappe phréatique de la ville de Fès et des sources thermales de Sidi Harazem. Le projet devrait également éradiquer les odeurs nauséabondes se répandant par moment au niveau des quartiers Narjiss, Route de Sefrou, et Route d’Imouzzer.

Pour aller vite, la Ville s’est associée au secrétariat d’État chargé du Développement durable qui contribuera à hauteur de 10 millions de DH. Pour le reste, la mairie compte sur l’appui du gouvernement dans le cadre de la stratégie nationale dédiée à la gestion des déchets ménagers.

Pour rappel, ce programme se penche principalement sur la modernisation et l’amélioration des modèles de traitement des déchets afin de permettre aux décharges des différentes villes une meilleure contribution à la préservation de l’environnement et au développement social.

Notons que la société américaine Ecomed, gestionnaire de la décharge de Fès, a déjà investi quelque 100 millions de DH, dont 26 millions pour les seuls équipements bioélectriques. Le délégataire, en service depuis 2004, a permis ainsi la production d’un mégawatt de puissance électrique et pourrait atteindre à terme 5 MW.

«Ce projet a contribué efficacement à l’amélioration de la gestion et de l’exploitation de la décharge, en convertissant le biogaz en énergie électrique, au moyen d’une centrale électrique», indique le maire de la ville, Driss El Azami El Idrissi. En effet, la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de Fès (Radeef) a financé la réalisation d’une ligne de moyenne tension, ainsi que le couplage de la station bioélectrique au réseau électrique de la ville.

Le but étant d’injecter de l’énergie propre dans le réseau d’éclairage public. Outre la protection de l’environnement, l’amélioration des conditions sanitaires, et l’optimisation économique de la gestion des déchets solides ne sont pas en reste. Pour Mohamed Merzouki, directeur du laboratoire de Biotechnologie à la Faculté des Sciences de Dhar El Mahraz, «la gestion rationnelle saine et pérenne des déchets est l’un des défis majeurs que l’humanité est appelée à relever aujourd’hui et dans le futur».

En effet, les décharges constituent une source potentielle de contamination des eaux souterraines et de surface par la percolation ou la lixiviation des matériaux qui y sont déposés. «Les lixiviats apparaissent comme des vecteurs importants de la pollution. Ils sont trop concentrés en matière organique, en métaux lourds et en micro-organismes dont les pathogènes», explique Merzouki.

Ce dernier a mis en place un procédé innovant pour le traitement des lixiviats de la décharge contrôlée de la ville de Fès. Mené sous l’intitulé de Printlix, ce projet a bénéficié d’un appui du ministère de l’Environnement de l’ordre de 500.000 DH. Il consiste au traitement des lixiviats de la décharge publique par un système original de valorisation physique et biologique.

«L’objectif principal du projet est d’éliminer la pollution organique, minérale et microbienne des lixiviats de la décharge contrôlée de la ville de Fès par le traitement de ces effluents à l’échelle pilote, en appliquant un procédé original, afin d’avoir un lixiviat traité qui répond aux normes de rejet en vigueur», souligne le chercheur. Son projet s’appuie sur un système de traitement physique par filtration couplé à un système biologique par aération.

«L’application de ce procédé pour le traitement des lixiviats a l’avantage de la fiabilité, la pérennité, le rendement épuratoire trop élevé et l’économie en termes d’investissement et d’exploitation à grande échelle», indique Merzouki. Et de conclure : «avec ce procédé original, le problème des odeurs des lixiviats sera résolu et les odeurs nauséabondes dégagées de la décharge seront totalement éradiquées… il faut juste monter en puissance pour atteindre un débit de 120 m3 par jour».

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