4 Janvier 808-4 janvier 2017. Fès fut fondée il y a plus de 12 siècles. Le 4 janvier dernier, la ville de Moulay Idriss célébrait son 1209e anniversaire. Une initiative citoyenne pour mobiliser les acteurs locaux autour de la nécessité de sauvegarder l’histoire millénaire de la cité mais aussi de penser un modèle de développement intégré pour l’avenir.

En effet, en instituant cette célébration en 2011, appelée «journée annuelle de Fès», un important collectif associatif, mené par le «Forum régional des initiatives environnementales» et composé d’associations actives dans les domaines de la préservation du patrimoine, de la protection de l’environnement et de la diffusion des valeurs de citoyenneté, entendait rendre hommage à Fès, une ville riche de son patrimoine culturel, architectural et artistique, et alerter les élus et les autorités sur la nécessité de «maintenir les équilibres sociaux, économiques et environnementaux».

Pour Abdelhay Raiss, président du Forum et initiateur de l’événement, «la journée annuelle de Fès vise à célébrer l’histoire glorieuse de cette cité et à examiner les moyens et les mécanismes à même de renforcer son développement socio-économique et urbanistique, ajoutant qu’il s’agit d’une occasion pour réhabiliter cette cité impériale dont la construction remonte à 12 siècles». La rencontre annuelle vise aussi à préserver sa civilisation et à valoriser ses monuments historiques, son cachet urbanistique singulier et ses us et coutumes spécifiques.

Unanimes, les participants à cette célébration y voient une occasion de pérenniser l’histoire glorieuse de Fès, qui a rayonné à travers le temps et l’espace. Telle une agora culturelle, cette manifestation permet aux acteurs associatifs, économiques et politiques de la ville de se rencontrer et de planifier son avenir avec des scenarii structurés pour aboutir à un modèle de gouvernance exemplaire où le développement socioéconomique mène systématiquement au développement durable. «Haut lieu du savoir, Fès se démarque par rapport aux cités du millénaire par le fait qu’elle abrite la plus ancienne université au monde, la Quaraouine, qui a réunit des érudits et des savants de divers horizons», souligne-t-on. «Ainsi, il faut conjuguer les efforts pour préserver le rayonnement civilisationnel et historique de la ville et consolider son développement socio-économique et culturel».

En tout cas, le collectif associatif a initié cette journée de Fès afin que le jour marquant sa construction devienne un rendez-vous annuel de commémoration. Le but étant de mobiliser au renouvellement du pacte et de poursuite de la détermination à corriger les dysfonctionnements, à garantir les équilibres et à conduire Fès vers la réalisation de la durabilité et la relance du leadership. Ces associations s’inspirent de l’appel du fondateur de la cité qui a souhaité, lui même, que cette ville, soit une demeure intellectuelle et spirituelle, comme en témoigne sa prière historique en donnant le premier coup de pioche à la fondation de la ville. Moulay Idriss Al Azhar a imploré le Tout-Puissant en ces termes: «O Mon Dieu, fais que cette ville soit la demeure de la science et du Fikh, qu’elle soit le lieu ou l’on récitera Ton Livre ou se maintiendront Tes prescriptions. Fais que sa population soit fidèle à la Sunna tant que durera cette ville».

«La plus ancienne des villes impériales du Maroc, allait devenir l’une des prestigieuses cités de l’Islam et de rayonnement culturel et scientifique, grâce à sa célèbre mosquée-université, Al-Quaraouiyine, à ses nombreuses médersas, drainant un grand nombre d’étudiants et d’éminents savants des trois confessions religieuses, judaïsme, christianisme et Islam», rappellent les historiens et universitaires. Ces derniers ont saisi cette occasion pour revisiter quelques unes des pages glorieuses de l’histoire de la ville et son patrimoine culturel universel.

La cité Idrisside était devenue, en effet, une terre de rencontre, de tolérance, de paix et de savoir. L’histoire enseigne que le Pape Sylvestre II a étudié à l’université Al Qaraouiyine, et que le penseur et philosophe juif Maimonide y a enseigné, faisant ainsi de Fès, un foyer spirituel ou cohabitaient, dans la concorde, la symbiose et la communion, les trois religions révélées. Le vœu pieux de Moulay Idriss, fondateur de la ville, fut ainsi exaucé, à telle enseigne, que Fès a revêtu le caractère de «Cité Zawiya». Le sanctuaire qui abrite le tombeau de Moulay Idriss est ainsi devenu un lieu de pèlerinage, tout comme les autres mausolées de saints qui envahissent l’ancienne médina (Sidi Ahmed Tijani, Moulay Ahmed Sqali, Sidi Ali Jamal, Sidi Ali Boughaleb, Sidi Ali Ibn Hirzihim, Ibn Al Arabi Al Ma’Afiri,…).

 

Identité académique et spirituelle

Fès apparaît aujourd’hui comme l’un des modèles urbains musulmans les plus aboutis et les mieux conservés, à travers son organisation spatiale. Elle porte ainsi la marque d’influences diverses à travers notamment ses techniques de construction et le décor de ses monuments qui reflètent le goût des différentes périodes de son histoire. Plus de douze siècles après sa création, sa médina est ressuscitée grâce au Roi, déterminé à lui préserver son «identité académique et spirituelle». A ce titre, le collectif associatif a vivement applaudi l’intérêt porté par le Souverain aux monuments historiques de la ville. Signalons enfin que l’anniversaire de Fès est un appel pour les autorités locales, les élus et les organisations de la société civile à assumer leurs responsabilités pour instaurer les bases d’une bonne gouvernance locale et maintenir les équilibres «pour permettre à Fès de redevenir un pôle civilisationnel exemplaire».

Source: http://www.leconomiste.com/article/1007131-fes-ouvre-ses-pages-glorieuses#.WHjHdPprTCE.facebook

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